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COUP RÉUSSI: des pieds carrés, Lappé en fait des cracks

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Le relâchement, ce truc nuisible affectionné par nos sportifs, colosses au mental d’argile, est ce qui nous préoccupe pour ce troisième numéro de notre édito hebdomadaire. Il y a trois semaines, il s’est passé un truc intéressant. Lequel ?

Le Syli national local de Guinée savait que quelque chose se passait lorsque Kanfory Lapé Bangoura, l’entraîneur, a organisé une réunion improvisée, à l’hôtel à Casablanca, au Maroc.

La plupart de ses joueurs ont pensé que cela avait à voir avec leur prochaine séance d’entraînement ou avec les complications liées à la pandémie de coronavirus.

Ils n’étaient absolument pas préparés à la nouvelle que Lapé leur avait donnée – qu’il organisait une formation de coaching mental et sportif, dispensée par Dr Zakaria Fares Benomar, président de l’Académie marocaine de coaching mental et sportif.

« Au début, nous étions comme, ‘mental’? De quoi s’agit-il? », se souvient un des joueurs de l’équipe guinéenne. Lapé a rapidement clarifié qu’il fallait booster le mental de ce groupe certes talentueux mais, distrait.

Le rendement escompté

L’anxiété, que ressentent les sportifs avant ou pendant le match, est une arme à double tranchant, car elle peut jouer un rôle de catalyseur, amenant l’athlète à s’armer physiquement et psychologiquement pour surmonter ce sentiment, comme elle peut, dans le cas contraire, être source de frustration et avoir un impact négatif sur le mental de l’athlète qui se répercute sur leur rendement.

Un sportif peut avoir tous les ingrédients d’un grand talent : physique, athlétique, tactique, intelligent. Mais, s’il n’a pas le mental des très grands champions, autrement dit, si ça trottine trop dans la tête – sur la pelouse ou dans l’arène – il risque de passer à côté de ses rêves d’enfance.

Les vrais compétiteurs sont ceux qui répondent présents, match après match, soit-il en finale d’une compétition majeure comme dans un match inter quartier ou dèkhorogho-béré (match de challenge, entre amis).

Le coaching mental 

C’est ainsi que Lappé, géographe de formation, a senti l’obligation de permettre à son groupe de se munir d’une grande concentration, se détendre et peaufiner ses performances en évitant le stress et les pensées négatives.

Et cela, après deux défaites consécutives en amical, la veille, contre le Maroc. Il se devait alors de trouver son anti-virus contre les parasites adverses qui se baladaient aisément dans la surface du Syli.

Le coaching mental, explique Dr. Benomar, est nécessaire afin de transformer la déception en opportunité d’atteindre le succès souhaité, notant que ce genre de coaching permet à tout athlète de gérer et contrôler ses émotions, de se motiver, et de se focaliser sur ses objectifs lors des prochaines échéances sportives.

Suite à cette session ensorcelante de mindfulness, Lapé va griffonner dans ses manuscrits afin de dénicher le sésame qui, s’il se confirme, pourrait devenir l’angoisse de ses futurs adversaires. Les Namibiens, qui ont subi l’essai (3-0), en savent quelque chose. C’était le 18 janvier dernier à Limbe, au CHAN 2021, exactement le jour du deuxième anniversaire du limogeage de Lappé à la tête de ce même Syli local, suite au cumul de mauvais résultats.

Ironie du sort! Il fut maltraité par des dirigeants sportifs qui excellent dans l‘improvisation, l’opportunisme et ignorent qu’un tournoi se prépare à temps.

Des Hommes, des fortes têtes

Maintenant, il revient requinqué, aidé par Guillaume Soumah, coach du Wakriya AC (D1, Guinée), pour nous dévoiler un nouveau Syli plus résolu, plus attrayant mais qui doit encore prouver sa constance dans la durée. En attendant, la voie empruntée pour développer un jeu fluide et une détermination irréprochable semble perceptible.

Dans cette nouvelle approche de Lappé, le duo Coumbassa-Morlaye doit stabiliser le courant d’air au milieu du terrain pour empêcher le Syli local de contracter un virus factieux ou de trébucher. Ce remuant pair, soutenu par Mory Kanté et Ibrahima Sory Camara, démontre que c’est le ballon qui doit se fatiguer. Le labeur, c’est pour le reconquérir, le caresser et le déployer au moment qu’il faut, à l’endroit ou à l’équipier qu’il faut. Et, quand c’est bien fait, l’automatisme se fluidifie, l’adversaire recule, tremble, résiste ou s’écroule.

Kantabadouno, coup du maître

Solide face la Zambie même s’il s’est fait cueillir dans le money time (1-1), le Syli a dû puiser dans ses réserves mentales pour accrocher la Tanzanie (2-2) dans un duel à suspens où il est passé par tous les émois: d’abord meneur et qualifié, puis mené et éliminé, enfin racoleur et qualifié.

L’égalisation signée Victor Kantabadouno a été le clou d’une soirée pleine d’émotions pour les supporters tanzaniens et guinéens. Désormais avec un groupe courageux, qui l’écoute attentivement, il ne reste plus  qu’à Lappé d’aiguiser les armes de sa qualif’ en quarts. Par un exploit à lui, puisqu’il n’est plus qu’à un pas des demi-finales, qu’il avait brillamment atteint au CHAN 2016.

Autrement dit, ce Syli local, déroulant un jeu plaisant, est capable d’atteindre le sommet de sa catégorie sur le continent. Pourvu qu’il continue à renforcer sa forteresse psychologique et à améliorer sa performance, inlassablement.

@Moysekou, Bruxelles

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