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Antonio Souaré, Président FGF : « Les gens pensent que c’est à la fédération qu’il faut venir manger. »

La candidature d'Antonio Souaré pour intégrer le comité exécutif de la CAF est recevable mais nécessite des vérifications suppléentaires.
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On était pris de court, dimanche 9 août 2020, à écouter, Akoi Koivogui, secrétaire général de la Feguifoot, déclarer que le projet de son équipe était consacré à la formation dans l’émission Sport dimanche sur la RTG. À moins qu’on ait empêché Antonio Souaré, Président de l’institution, de dérouler, la promesse de campagne de ce dernier est tout autre. ConakrySports a fouillé dans ses archives pour sortir un entretien avec le boss de la FGF réalisé à Dakar à 15 jours de sa nomination à la tête de cette fédération en 2017. Sa candidature et la question des binationaux sont les morceaux choisis de cette interview réalisée dans un hôtel sur la corniche de la capitale sénégalaise.

Entretien réalisé par ConakrySports et Stades 

…. Vous êtes candidat pour briguer la présidence de la fédération guinéenne de football, après une longue attente pour la décision finale. C’est une stratégie ?

Non. C’est la volonté de tous les clubs et du monde du sport. Ils ont exigé à ce que je vienne à la tête de cette fédération pour sauver notre football. C’est vrai qu’il y a quatre ans, le bureau de la dernière fédération me l’a demandé. Je n’ai pas accepté.  Je n’étais pas prêt. J’ai donné mes raisons. Maintenant avec cette volonté populaire de la jeunesse, c’était difficile de dire non. J’étais dans la réflexion quant à la lenteur de la décision. J’ai consulté mon entourage dans le domaine du football, ils m’ont donné des avis favorables. C’est après que je me suis décidé pour être le candidat.

Visiblement on vous a forcé la main. Mais personnellement est ce que c’était une ambition ?

Il ne faut pas mentir. J’ai dit à tout le monde que je ne ferai pas la politique. Ça ne me convient pas. Il y a des vertus en politique que je ne peux pas assumer. Cependant dans le football, j’ai toujours des ambitions, mais j’y vais progressivement. Quand je suis arrivé à Horoya AC, je me suis  aussitôt fixé l’objectif de restructurer l’équipe et mettre des infrastructures en place, avec un objectif de jouer chaque année la Ligue africaines des champions. Dans la foulée, la mise en place d’un centre de formation était impérative pour nous. Il faut aussi créer de la visibilité pour notre football pour capter les sponsors. On sait aussi dit de lancer une télévision et radio, panafricaine. On a aussi mis une chaîne d’hôtels. Tous ces investissements étaient payés il ne restait que la réalisation. Si j’avais pris la fédération avant et que ces projets sortent de terre, l’opinion dira que c’est l’argent de cette institution. C’est pourquoi, je n’ai  pas pu me décider si vite pour la fédération. Aujourd’hui la télévision et la radio sont prêtes, le centre de formation est quasi prêt, mes usines sont prêts. On ne va jamais dire que j’ai pris l’argent du denier public. Je n’ai jamais été fonctionnaire dans ma vie. Après l’université je suis allé enrichir mon background, retour au pays je n’ai travaillé que dans le privé. Je ne dois à personne. Je me sens suffisamment prêt pour apporter au football guinéen et pas de m’en servir. Ce qui est regrettable ces dernières années, les gens se sont servis de notre football et n’ont pas servis. Ils ont marché dans l’opacité pas dans la transparence.

Avec des querelles internes connues, on peut dire que la fédération guinéenne de football est « un sac à problème ». Si vous êtes élu, quel sera vos grands chantiers ? 

Le grand chantier, c’est la restauration de notre football. Il faut créer les infrastructures et avoir un championnat national régulier à tous les étages, avec une priorité faite au football amateur. Tous les clubs doivent avoir une équipe junior qui prendra à leur championnat. En gros mettre en place une base solide du football local pour jouer le CHAN chaque année. Et l’équipe nationale sera la synthèse. Notre politique sera aussi de développer le football à l’intérieur du pays. Les grands joueurs qu’à connus notre football sont venus de l’intérieur. C’est tout l’inverse aujourd’hui. Tout est concentré à Conakry. Quand je suis arrivé à la tête de la Ligue professionnelle de football, il y avait 10 clubs de la capitale sur les douze. J’ai trouvé cela inadmissible. Aujourd’hui il y a une équité en termes de participation puisque nous avons de part et d’autre sept clubs. Ce n’est toujours pas satisfaisant. Il faut plus de moyens pour le développement de notre football. Cela évitera un exode rural vers la capitale. Malheureuse, comme vous dites la fédération est un sac à faux problèmes. Les gens pensent que c’est là qu’il faut venir manger. Nous nous allons arrêter tout ça, parce qu’on n’a pas besoin de ça.

Parmi les défis il y a l’organisation de la CAN 2023 dont vous êtes le Président du comité d’organisation. Il faudra aussi des infrastructures ?

Tout à fait. On est bien conscient. La Coupe d’Afrique est un vecteur de développement, parce que tous les secteurs seront concernés. Le bureau est mis en place. Nous attendons la diffusion des commissions. D’ici là, nous avons pris contact avec le monde et tout ce qui ont organisé la CAN avant nous. Et aujourd’hui nous sommes à la recherche de tout ce qui peuvent nous apporter un plus. Pour la réalisation des infrastructures nous allons nous y mettre dès le mois prochain. Notre avantage c’est de connaitre les forces et les avantages du Gabon dernier organisateur de cette compétition. Le comité d’organisation m’a remis les documents pour se référer. Nous allons aussi profiter du Cameroun, de la Cote d’Ivoire. Et chez nous je crois qu’on n’a pas droit à l’erreur parce que nous avons les trois événements en repère. C’est la synthèse de ces trois événements qui donnera la réalisation guinéenne. On fera quelque chose de grand.

On parle de l’équipe nationale A. La Guinée a un problème à convaincre ses binationaux pour rejoindre le Syli. Est-ce que vous avez une politique spécifique pour attirer ces binationaux ?

C’est le management qui pose problème. Il faut respecter les joueurs et surtout savoir les convaincre. Et quand vous pensez qu’ils viennent pour répondre à votre appel, ils ne viendront jamais. Mais quand ils savent qu’ils sont suivis, écoutés et considérés, ils viendront. Il  ne faut pas attendre qu’un événement se présente pour commencer à démarcher ces jeunes et après les abandonner pour se débrouiller à rentrer dans leurs clubs respectifs. Ce n’est pas sérieux. Cette démarche est à remettre en question. Je ferai en sortes que tous les joueurs soient répertoriés de partout dans le monde. Et nous allons être en contact avec tout le monde. Celui qui a un problème dans son club on va s’y rendre et les hommes en forme du moment viendront renforcer l’équipe nationale. A côté nous allons former une équipe locale solide. A noter que nous allons choisir les guinéens qui aiment le football à le servir. Retenez bien, je dis servir et ne pas s’en servir.

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