Par Nourdine Soumah, Conaky
Le paysage de la loterie en Guinée est marqué par une affluence de la population à majorité jeune devant les kiosques des revendeurs de tickets des paris sportifs. C’est l’image déconcertante qui laisse l’impression d’une difficile conjoncture du pays.
Aujourd’hui, ces endroits sont désemplis depuis l’effectivité de la suspension des activités sportives à travers le monde, mars dernier.
Du coup, des milliers de parieurs jeunes âgés entre 18 et 40 ans, désœuvrés, subissent les conséquences de cet arrêt. C’est le chômage.
Les chiffres d’affaires en baisse
En France, par exemple, une célèbre entreprise dans le domaine a multiplié le volume de ses mises par 20 sur le championnat de Biélorussie pour fidéliser les parieurs, une bouée de secours jamais imaginée en Guinée. Pire, les paris en ligne ne sont pas très convoités dans ce pays.
C’est pourquoi, aujourd’hui, les jeunes parieurs amateurs et passionnés de football ont abandonné les paris sportifs, renseigne, Ismaël Fofana, vendeur au quartier Ratoma Mariador Palace. « C’est un moment très difficile que nous traversons. Avant la propagation du coronavirus mon kiosque était toujours bondé de monde. Tous les jeunes du quartier passaient par là », confie-t-il. Ses avoirs ont chuté à l’en croire, « il arrive des fois de vendre 1 million, 2 millions 3 millions jusqu’à 4 millions par jour surtout les week-ends ».
Si Ismaël Fofana manque de clients, c’est parce que des parieurs à l’image d’Aboubacar Soumah, étudiant diplômé sans emploi, ne trouvent aucun intérêt à parier maintenant. « Ce n’est pas facile pour nous, actuellement. Les championnats sont suspendus, c’est pourquoi on ne mise plus. Avant l’apparition du coronavirus, je pouvais miser jusqu’à 100 mille Fg et je gagnais. Aujourd’hui, tout est compliqué à cause de ce virus », explique-t-il.
Vers l’abandon du métier par les gérants
Cette crise ne dure que deux mois mais elle laisse présager un lendemain compliqué pour les gérants de Kiosque. Israël Fofana un des leurs croise les doigts pour « que Dieu fasse disparaitre cette maladie, sinon ce n’est pas bon pour nous. Déjà nous sommes payés en fonction de la vente ». Il laisse entendre par ailleurs que « actuellement, nous vendons peu, comme aujourd’hui depuis le matin (jeudi dernier) je n’ai vendu que 75 mille Fg »
Dans la commune de Ratoma précisément à Kaporo, Fiston, un vendeur, dit ne plus réussir à faire des recettes. « Je ne comprends pas, tout est au ralenti. Rien ne bouge. Avant, je vendais tous mes tickets de 2 millions Fg par jour. Aujourd’hui, je ne vends que 200 mille Fg. Il m’arrive des fois de ne vendre que 60 000 Fg par jour», s’est-il plaint.
La déche pour les jeunes
Les jeunes désœuvrés en Guinée ne trouvent d’issue meilleure que dans les lotos notamment les paris sportifs. Les gains estimés parfois à 4 millions de Fg et plus ont permis à certains de s’autofinancer dans des projets personnels, d’autres tentent l’aventure pour le bonheur incertain.
Ce monde irréel manque à Gandho Barry, la vingtaine. Il implore le ciel pour la reprise des championnats. « On a vraiment besoin de ces championnats pour gagner de l’argent. Avec les jeux de boule Ce n’est pas facile de gagner, on perd trop, mais avec le football tu as 90% de chance de gagner une cagnotte. »