Le Horoya AC est loin et très loin de faire comme le TP Mazembé, son modèle de challenge. Le club de Matam n’arrivera pas en demi-finale, pour la deuxième fois consécutive, de la Ligue africaine des champions.
Tenu en échec (1-1) à Conakry par les Sud-africains d’Amazulu, vendredi, le Horoya AC n’a pu tirer son épingle du jeu devant le Raja Casablanca et l’Entente Setif, les favoris de son groupe. Visiblement, la campagne africaine, la plus catastrophique du club guinéen. Seulement quatre points pris sur 18 possibles en 6 matchs.
Cette énième déroute pousse le bouchon plus haut et impose une autocritique. Au-delà des deux quarts de finale consécutif (2018 et 2019) et une place de demi-finaliste du final four de la Ligue des champions en 2020, il est impératif de s’interroger.
Pourquoi depuis 2012, le Horoya AC n’arrive pas à atteindre l’objectif assigné par Antonio Souaré, le Président ? Ce n’est pas la peine d’aller chercher les réponses en dehors du club. Ce sont les mêmes souci : transferts inappropriés, la rétention des joueurs sur le départ, valse des entraineurs et immixtion du propriétaire dans le sportif.
Les transferts inappropriés
Beaucoup de gens interviennent dans les transactions pour des commissions. Et, il n’y a aucune stratégie planifiée sur les profils des joueurs d’autant plus que ces derniers sont recrutés sans l’accord des entraîneurs dans beaucoup de cas.
Par exemple, Razak, le Ghanéen, acheté à 170 mille dollars US et présenté comme un crack. en est la parfaite illustration du fiasco des transferts inappropriés dans ce club. Il s’est barré après et cela n’a suscité aucune remise en cause.
Patrice Neveu, alors sur le banc du club, n’a pas gardé, longtemps, sa langue dans sa poche pour déplorer cette pratique. Il a dit tout haut ce qui se susurrait en sourdine au sein du club concernant les recrutements anarchiques et inappropriés aux besoins de l’équipe. « Je n’ai pas trop parlé jusqu’à maintenant. Il y a eu des recrutements avant, je ne suis pas du tout à l’aise », a-t-il dénoncé sans faire grand effet. Malheureusement, cette vérité lui a coûté son éviction.
L’échec cette saison a démontré qu’il y a un trop-plein de joueurs qui ne servent pas à grand-chose, au moment où les équipes de jeunes regorgent de talents mais très peu utilisés.
La rétention des joueurs sur le départ
Le Horoya AC refuse de faire fortune sur les transferts des joueurs annoncés sur le départ. C’est un manque à gagner sur le plan financier. La preuve, de 2012 à nos joueurs, les Rouge et blanc de Matam n’ont, officiellement, vendu aucun joueur pour renflouer leur caisse.
Le champion en titre de Guinée s’illustre, plus tôt, dans la rétention des joueurs qui émettent l’idée de partir monnayer leurs talents ailleurs. Confrontés à une barrière administrative stricte, les footballeurs concernés ne sont plus impliqués jusqu’au bout. Devinez le reste.
La valse des entraineurs
C’est l’instabilité sur le banc du Horoya AC. Plus de 7 entraineurs sont passés sur le banc du club en autant d’années. Il s’agit de Théophile Bollat, Cherif Souleymane, Amara Traoré, Lappe Bangoura, Victor VZunka, Patrice Neveu, Didier Gomez et aujourd’hui, Lamine Ndiaye. Ce n’est pas une continuité apparente dans les successions puisque le technicien sénégalais serait même sur un siège éjectable.
Immixtion d’Antonio Souaré dans le sportif
Pour beaucoup, ce ne sont pas les moyens qui manquent au propriétaire du Horoya AC, Antonio Souaré, pour se faire un nom dans le gotha des clubs africains. Malheureusement, son argent n’achète pas les talents qu’il faut pour atteindre son objectif.
Obnubilé par le succès, Souaré veut être impliqué dans tout même dans le sportif. C’est pourquoi, il est berné par son entourage qui lui dit tout sauf la vérité. Il est temps de cogiter sur un nouvelle forme de management, mieux structuré et moins permissif .
Par Yvon LEROUX