BAFOUSSAM – Le directeur sportif du Tonnerre de Yaoundé, membre du raja de Bafoussam, magistrat, juge d’instruction au Tribunal de Grande Instance de la Mifi, Victor Atangana nous parle du football local camerounais en cette coupe d’Afrique des nations CAN 2021 dans son pays.
Entretien
La CAN 2021 se joue au Cameroun. Quelle est la part du football local dans cet événement ?
Il est bien vrai que le football n’a pas été invité dans cette haute compétition. Parce que vous savez que nous avons eu beaucoup de problèmes pour l’organisation de notre championnat depuis trois ans maintenant. Nous avons des procès au niveau du TAS (Tribunal arbitral du sport). Il y a beaucoup de problèmes institutionnels à la Fecafoot. Cela a retardé le jeu. Donc nous n’avons pas des joueurs frais sur le plan local.
C’est donc un malheur d’être footballeur local au Cameroun ces trois dernières années ?
Si vous jouez dans une équipe et que vous n’êtes pas payé ou salarié vous ne pouvez pas jouer au foot. Si vous avez faim et que vous ne pouvez pas payer vos loyers, vous ne pouvez pas vous soigner, c’est compliqué. Notre football local a besoin d’une restructuration. C’est pourquoi dans un tournoi comme la Coupe d’Afrique des nations on ne peut pas s’amuser à mettre des joueurs locaux dans l’équipe qui représente le Cameroun. Est-ce qu’ils peuvent affronter les stars comme Sadio Mané et autres.
Quel est le Smic ( Salaire minimum de croissance) du football local camerounais ?
(Rires) En réalité nous n’avons même pas de Smic. Nous fonctionnons dans l’informel et dans le non professionnalisme. Nous avons des joueurs talentueux mais à cause de ces problèmes ils paient le prix de ce désordre. Vous voyez l’année dernière on n’a même pas joué la coupe nationale. On a désigné un champion, le Coton Sport de Garoua. C’est une équipe quand même mieux organisée et soutenue par des gros sponsors.
Sans le Smic cela laisse entendre que l’exportation des joueurs vers l’étranger n’est pas aussi contrôlée ?
C’est une négociation entre les équipes notamment entre le propriétaire et le demandeur. Normalement ça devrait transiter par la Fecafoot mais ce n’est pas le cas. Je pense que l’arrivée de Samuel Eto’o Fils peut nous apporter beaucoup de satisfaction dans l’organisation de notre football dans le sens du professionnalisme. Avec lui on ose croire que la priorité sera donnée aux footballeurs d’abord. Avant c’était les dirigeants qui amassaient de l’argent et les footballeurs étaient pauvres.
Et le financement du football local ?
Avant il y avait quelques sponsors. Il y a aussi les subventions de l’Etat. Le gouvernement fait des efforts pour aider le sport camerounais pas seulement le football. La fédération camerounaise de football accorde aussi des subventions mais elles ne sont pas suffisantes. Je crois qu’avec Samuel Eto’o Fils, il va nous amener des partenaires même à l’international pour redorer le blason.
On parle maintenant de votre équipe le Tonnerre de Yaoundé. Comment se porte-t-il dans ce contexte difficile ?
Notre équipe a aussi pris un coup avec tous ces désordres là. Nous sommes en phase de restructuration. On espère qu’avec l’arrivée de Samuel Eto’o les choses vont changer.
Visiblement vous fondez beaucoup d’espoirs sur Samuel Eto’o ?
Tout à fait. Nous estimons que sa carrière et son carnet d’adresse nous seront utiles. Nous fondons beaucoup d’espoirs qu’il pourra changer l’image du football camerounais. Parce que quand vous jouez au Tonnerre de Youandé ou encore au Canon de Youndé vous ne devez pas recevoir 50 mille et 100 mille francs de salaire par mois ce n’est pas possible.
Donc les salaires sont entre 50 mille et 100 mille francs CFA ?
Ça va quand même au-delà de ces sommes. C’est jusqu’à 150 mille francs CFA. Les présidents de clubs n’ont pas de l’argent aussi. Aujourd’hui qui peut se sacrifier pour mettre son argent dans une équipe ? Gérer une équipe au Cameroun ce n’est pas facile. Vous savez par exemple que le déplacement du Tonnerre de Yaoundé à Douala coûte au moins 2 à 3 millions de francs CFA de dépense.
Ce club a produit des grands joueurs et même un Président de la République notamment George Weah.
George Weah est un des supporters. Même le Président de la République, Paul Biya.
Quel est l’apport par exemple de George Weah ?
Le Président Georges Weah nous a dit qu’il faut que le Tonnerre se structure et être au moins africain qu’il va agir après. Evidemment en tant que chef de l’Etat, il ne peut pas mettre des moyens sur une équipe qui n’est pas structurée et qui ne produit pas de résultats. Il veut nous encourager mais il faut qu’on s’organise.
Merci Mr Victor Atangana
C’est moi qui vous remercie
Propos recueillis par Yvon LEROUX à Bafoussam
