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Syli : Sehrou Guirassy peut mieux faire

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Malgré un triplé contre l’Éthiopie en 30 minutes, Sehrou Guirassy a encore une montagne à déplacer pour permettre à son équipe de disputer le tournoi le plus prestigieux à l’échelle continentale. Le vrai Guirassy qualifiera-t-il son pays ?

La Guinée est peut-être à deux matches de se qualifier pour la prochaine CAN. Le buteur du BVB Dortmund ( 6 matchs et 6 buts) est son leader, son inspiration et son image internationale, dans tous les domaines où l’on peut évaluer un joueur.

Oubliez, un instant, les comparaisons médiatiques entre Guirassy (Dortmund, D1, All.) et son coéquipier du Syli, Mohamed Bayo (Lille, D1, Fr.). Ils auront besoin d’une force unie lorsque la Guinée affrontera l’Éthiopie dans le match décisif de qualification pour la CAN à Abidjan, en Côte d’Ivoire, mardi. Mais alors que Guirassy fait un retour magnifique jusqu’à présent et répond aux questions des journalistes avec une éloquence tranquille au nom de son équipe, Michel Dussuyer, l’entraîneur par intérim guinéen, reste relativement silencieux. Peut-être garde-t-il sa déclaration pour le terrain du stade de Dar-es-Salam en Tanzanie, où la Guinée disputera son dernier match de ces qualifications.

Nous n’avons vu que 30 minutes du meilleur de Guirassy lors du dernier match — lorsqu’il a marqué un triplé contre l’Éthiopie, puis lorsqu’il a ensuite pesé dans le jeu menant au quatrième but guinéen, une pure beauté de Seydouba Cissé lors de ce troisième match du groupe, bien servi par Mady Camara (PAOK Salonique, D1, Grèce).

Ces buts de Guirassy sont des exemples extraordinaires de la part d’un des buteurs les plus accomplis et athlétiques de cette époque. Le but marqué en un contre un, alors qu’il ne semblait même pas jeter un œil au but, était tout simplement audacieux. La répétition de la même action – encore une fois – démontre qu’il peut, parfois, le faire plusieurs fois avec une précision étonnante, une finition vraiment clinique.

Il s’est échappé plus tôt et plus vite que n’importe quel défenseur. Il s’est penché, regardant la cage comme un « sinbon » (chasseur). Il a envoyé le ballon à ras de terre avec une telle force et une telle précision  que le gardien de but éthiopien n’avait aucune chance de le sauver. En regardant le visage de Guirassy, on savait qu’il n’avait aucun doute, une seconde qu’il allait marquer tous ces buts.

C’est, après tout, le joueur qui a marqué 30 buts en une seule saison dans la très difficile Bundesliga. Et c’est le joueur dont l’objectif est de qualifier son pays pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. On pourrait se rappeler qu’aucun homme n’est une équipe, mais Guirassy essaie de démontrer que lorsque l’équipe joue bien collectivement, en servant le joueur qu’il faut au moment où il faut, alors facilement, un homme peut sauver son équipe, encore et encore.

Pourtant, enlevez ces 30 minutes…

Après vous n’aurez plus du tout l’impression d’avoir vu Guirassy à l’époque de la dernière CAN. Il a été douloureux de voir son visage après l’élimination de la Guinée par la RDC en quart de finale ; son irritation lorsqu’il a quitté le terrain pouvait tout dire ; et ses regards noirs de désapprobation lorsque ses coéquipiers ne lui ont pas fait de passes précises.

Son entraîneur de l’époque, Kaba Diawara, était lui-même attaquant (PSG, Arsenal), mais ironiquement, il n’a pas su utiliser Guirassy correctement. Kaba a réussi à convaincre Guirassy (né français) de jouer pour la Guinée de ses parents. Mais des surprises arrivent. Certaines personnes se perdent après avoir épousé leur amour, puis se mettent à chercher un meilleur algorithme de compatibilité, en vain.

Dans le football inculqué par Kaba, Guirassy recevait rarement de bonnes passes. Critiqué, Kaba défendait sa tactique de jeu en insistant pour que Guirassy s’adapte au football africain. Son successeur, un ancien gardien nomade de Nice, dont la pérégrination à travers l’Afrique a commencé en Guinée il y a deux décennies, a trouvé la pièce manquante pour servir Guirassy de manière opportune dès le premier match, menant à une pure extase de 30 minutes offertes par Sehrou Guirassy. Contrairement à Kaba, dans le système de Dussuyer, tant que Guirassy est là, tant qu’il est sur le terrain, ses compatriotes guinéens vont chercher à le servir. Cela rappelle la façon dont l’équipe de Hafia d’une époque révolue semblait passer le ballon à Papa Camara même après que le grand attaquant ne soit plus dans l’équipe.

La tactique de Dussuyer, qui consiste à imposer son style plutôt qu’à neutraliser l’adversaire, convient-t-elle à Guirassy ? Il est par nature un paon, qui nous montre de quoi il est capable. Mais la Guinée a mal entamé les éliminatoires de la CAN, perdant deux fois de suite. Elle est donc désormais prête à se qualifier, si nécessaire, par tous les moyens. Une fois, paraît-il, n’est pas coutume. On attend toujours de voir le génie de Sehrou Guirassy.

Moysekou, Bruxelles, BELGIQUE

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