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COUP FRANC : le Syli délocalisé, 10 millions de dollars bousillés, le ras-bol ronge

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Aller jouer au Maroc, qui a offert son hospitalité, n’est pas un problème ; cependant, ne pas avoir de stade homologué en Guinée en est un. Cette semaine, les fans du football guinéen ont été surpris par le manque de vision et de sérieux dans les propos de ses dirigeants.

« Kounou ma ye fo bi »,  » To mou fissa khoro beh »… (Aujourd’hui n’est pas mieux qu’hier!), a déploré Momo, un supporter écœuré, en sirotant son thé à la gare de Gueckédou, la terre des ancêtres de Pascal Feindouno. Momo -un pseudo supporter- est mécontent que son pays, la Guinée, joue son prochain match contre l’Éthiopie sur le sol marocain, car le Syli national ne dispose pas de stades homologués par la CAF, l’organisme de réglementation du football continental.

Les supporters, les joueurs et leurs managers

Ils peuvent convenir d’aller jouer à l’extérieur ; cela fait partie du sport qui se joue souvent dans les deux sens. Cependant, il en va autrement, si les inconditionnels découvrent que leur équipe est, en quelque sorte, sans abri, sans domicile fixe, sans stade, chez elle, dans sa patrie, qui prétend avoir vaillamment acquis son indépendance il y a 64 ans.

En délocalisant ses matches ailleurs, la Guinée a confirmé son incapacité à organiser un tournoi continental, donnant ainsi raison à la CAF dans son manque de confiance dans les capacités et les promesses des autorités guinéennes. “Si vous insistez dans le noir sur le fait que votre coiffure est très jolie, le matin finira par arriver”, se console Momo.

Momo est frustré car, si son pays est l’un des plus riches en ressources naturelles du continent, il est aussi l’un des plus pauvres en ressources humaines. Il doute de la vision des dirigeants sportifs de son pays. Son pays dépense plus de 30 millions d’euros pour compter sa population.

Sa Fédération de football, FGF, a reçu plus de 10 millions dollars ces dernières années de la FIFA, et seuls ceux qui peuvent expliquer clairement le bonheur que cet argent a apporté peuvent être considérés comme intelligents. Cependant, le Syli, le fanion national, manque toujours d’un abri digne à Conakry.

La situation semble ne choquer personne

Pendant ce temps, malheureusement, les dirigeants sportifs guinéens sont heureux d’avoir trouvé une base pour leur équipe nationale – le sol marocain-. Pourtant, il ne s’agit pas seulement de ce que le Maroc a offert en termes d’hospitalité ; il s’agit aussi de ce que les Guinéens ont perdu et bien plus encore.

Le public guinéen sera privé de ces moments chaleureux avec son équipe nationale. La billetterie est une autre perte, un autre manque à gagner. Vous ne pouvez pas espérer de meilleurs résultats sans une infrastructure décente. Dans le sport de haut niveau, la planification, des infrastructures adéquates et un travail acharné sont essentiels.

Hélas, ils dorment sans projets futuristes et profitent de voyages à l’étranger pour se détendre. Cela dure depuis très longtemps. Et, logiquement, s’ils aiment tant la sortie de l’équipe, c’est parce que, comme le dit l’adage Soussou, « on s’assoit dans l’eau pour être mouillé », c’est-à-dire qu’on ne fait rien pour rien.

D’ailleurs, c’était quand le dernier match amical disputé par le Syli national à Conakry ? « Kounou ma ye fo bi » (Aujourd’hui n’est pas mieux qu’hier!), insiste Momo. « Pourquoi ne pouvons-nous pas jouer chez nous? » ajoute-t-il.

Moysekou, Bruxelles

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