Dans notre ronde avec les dirigeants et responsables des clubs en Guinée, après le Hafia FC (secrétaire Général et le président délégué) et la Flamme Olympique, nous a mis le grappin sur Mouctar Fadiga, président par intérim de l’Ashanty Golden Boys (SAG). Au menu de nos échanges : l’administration du club, le volet sportif notamment la campagne africaine, les supporters et le financement du club.
ENTRETIEN
La compétence de l’administration est une grande aide pour grandir dans les compétitions. Comment êtes-vous organisés dans ce sens ?
Chez nous l’administration se situe à deux niveaux. Il y a les membres du bureau exécutif et la société en tant que décideur.
Comment ça se passe cette collaboration ?
Nous sommes tous des employés de la société Ashanty Golden qui finance intégralement le club. On s’arrange à ce qu’il ait la conformité entre les principes de la société et la gestion du club. On n’a pas la liberté totale comme les autres clubs où il y a un individu qui a tout le pouvoir d’investir tout seul. Chez nous on rend compte. La société met à notre disposition des moyens et nous dicte la conduite à suivre.
La SAG est-elle une propriété de la préfecture ou de la société ?
Ce club est une propriété de la société sur le plan de la gestion, mais il est créé pour la communauté. C’est pourquoi nos staffs techniques sont tous de Siguiri. C’est une stratégie pour pouvoir développer les acquis de nos entraîneurs locaux. On avait l’habitude de faire venir les entraîneurs de partout mais un moment on a décidé d’aider nos frères. Par exemple notre entraîneur actuel, il a été l’assistant de tous les entraîneurs qui sont passés sur notre banc. Après cinq ans comme assistant, on lui a fait confiance en tant que frère de Siguiri. Dieu merci, on est toujours au top. En clair, la société a créé ce club pour une liaison sociale pour mieux instaurer un climat de paix.
La SAG peut se targuer d’être un club organisé sauf que vous n’avez pas de stade. Y-a-t-il un projet dans ce sens?
Le stade de Siguiri est une infrastructure préfectorale. Un moment la direction de la société était prête à mettre la pelouse synthétique dans ce stade. Mais le changement à la tête de l’entreprise a freiné les choses. Les nouveaux dirigeants qui vont venir peut-être continueront l’exécution de ce projet. Siguiri déjà est une ville où les gens sont motivés, la population, franchement, ne veut plus voir ses clubs se déplacer à Kankan pour recevoir en championnat.
C’est dire que tout est fin prêt pour recevoir à Siguiri ?
Pas du tout. Sinon, il y a des dignes fils de Siguiri qui se sont mobilisés. Ils ont acheté tout ce qu’il faut pour notre stade. Les gazons sont sur place et tout ce qui reste c’est d’établir un lien avec la préfecture. Une mission de la Ligue guinéenne de football professionnel a même visité les installations. Nous devons tenir une réunion avec la société, la DPJ (Direction préfectorale de la jeunesse), le district de football et la préfecture pour voir comment on peut faire pour réaliser ce projet.
Qu’est ce qui reste à finaliser ?
À travers le préfet nous devons adresser des courriers à des sociétés puisqu’il y en a beaucoup dans la localité de Siguiri. C’est un appel à investissement pour la réalisation de ce stade. Le projet est en cours et nous espérons quand même que cette année il y aura du progrès dans ce sens.
La SAG est à sa troisième campagne africaine. C’est quoi le secret de cette constance ?
La SAG est un club qui a plus de 15 ans en Ligue 1. Toutes ces années, nous avons acquis beaucoup d’expériences à travers lesquelles nous avons trouvé des stratégies pour atteindre un niveau de stabilité. Le changement du staff technique par rapport à la gestion des footballeurs nous ont permis d’avoir un groupe de performance. Cela nous a vraiment permis d’atteindre notre objectif. C’est pourquoi aujourd’hui nous concurrençons la hiérarchie dans ce championnat.
Pour la troisième participation en campagne africaine on peut dire que vous avez passez le cap de l’apprentissage ?
Aller en campagne africaine c’est acquérir de l’expérience. On découvre d’abord avant de s’y habituer. Notre première expérience était en Ligue des champions africains avec les exigences du Covid-19 à Bamako où on a été amputé par des cas de contamination. Notre deuxième participation, on était obligé de jouer en match unique et en déplacement à cause de la situation politique qui prévoyait dans notre pays, le 5 septembre 2021. Cette année on a l’opportunité de jouer les deux matchs. On peut espérer faire mieux quand même.
Parlons transfert. On ne voit pas souvent la SAG réaliser des grosses transactions. Pourquoi ?
Avant on faisait venir des joueurs maliens, ivoiriens à la SAG. Mais on a constaté que ces joueurs venaient avec des CV gonflés mais sportivement ils étaient très en deçà de nos attentes. Après ces expériences nous avons décidé de privilégier des talents locaux. Nous avons des footballeurs chez nous qu’on ne peut pas comparer aux autres du point de vue talent. Ainsi, au lieu de chercher des footballeurs étrangers avec des gros moyens et faire avec leurs chichis, nous avons opté pour le développement au niveau local. La société veut que le club ait un impact direct sur la jeunesse de Siguiri.
La SAG est l’un des clubs imprenables à la maison. C’est la force du douzième homme ou la performance sportive ?
Quand le deuxième homme est fort le club est fort. À Siguiri, les gens aiment le football, c’est pourquoi quand il y a un match tout le monde est concerné. On joue à domicile à Kankan et nous avons beaucoup de supporters dans cette ville. Dans la région, beaucoup de supporters s’identifient à Milo FC et la SAG. Ils sont très importants dans notre institution. Sinon, la performance est imputable à l’effort sportif.
Est ce que les supporters de la SAG sont identifiables, bien évidemment, derrière une organisation ?
Tout à fait. On a récemment eu un entretien avec les jeunes des districts et des sous-districts pour la mise en place du bureau des supporters avec la nomination du président. Sur une initiative des dirigeants de la SAG, ce bureau est celui qui sera derrière le Manden FC, la SAG et Kolombada AS. Ils sont reconnus partout.
Combien coûte la SAG par an?
C’est moins d’un milliard 500 millions par an. Ce n’est peut être pas exagéré. C’est ce que la société met à notre disposition. À ce niveau on n’a pas de reproche à faire.
Pour finir, peut-on avoir la certitude que vous avez les moyens de votre ambition cette saison?
On nous a dit que l’État ne nous viendra pas en aide sur le continent. Notre direction ne s’est pas découragée. Jusqu’ici on n’a pas reçu un franc en aide. La société nous finance dans le sens de notre convention. Il n’y a aucun problème. Nous avons les ressources et nous sommes convaincus d’y arriver.
Entretien réalisé par Nani DIABATÉ