Même s’il reste encore à gagner dans les résultats sportifs puisque le Hafia FC s’est contenté de la modeste 7e place à l’issue de la saison écoulée en Ligue 1, Ibrahima Marco Bah, l’administrateur du club se satisfait, tout de même, des actes posés. Le secrétaire général du club Babata sait aussi reconnaître les lacunes des Vert et blanc notamment le retard à l’allumage du projet sportif, les flops des recrues…
ENTRETIEN
Le Hafia FC est un modèle de réussite si on se fie à la volonté et aux réalisations du propriétaire, KPC. Seul bémol, votre projet sportif accuse un retard à l’allumage. Quel commentaire avez-vous à faire de cette opinion ?
C’est vrai que les résultats sportifs, depuis que le président KPC a repris le Hafia FC en 2013, ne suivent pas. Il faut juste comprendre qu’ à la base notre objectif premier était de mettre en place un stade pour le club. C’est en 2020 que le gouvernement lui a octroyé l’espace où le stade Petit Sory s’y trouve. Je crois que cet objectif est atteint à cent pour cent. On joue sur notre propre stade et comprenez par là que construire une infrastructure comme cela, ainsi que celle de Khorira, une académie de 13 hectares avec 80 pensionnaires et toutes les commodités d’usage, c’est quand même une réussite. De ce côté on est entièrement satisfait.
Sportivement, il reste, quand même, beaucoup à faire.
Tout à fait. Les résultants vont suivre au fil du temps. Ce sera une suite logique. Les 29 pensionnaires des deux premières promotions de l’Académie KPC sont détectés. Ils vont déménager à Khorira (ndlr : à Dubréka ou se trouve l’Académie) à partir du 11 septembre prochain. Tout à été mis en place. Vous verrez que le Hafia n’a pas reculé mais il a pris une autre dimension.
Est-ce que les supporters continueront à garder patience ?
C’est vrai que quand les supporters ne regardent que les résultats en championnat ça reste une déception. C’est une évidence. On a trébuché mais on n’est pas tombé. Nous allons continuer à peaufiner le projet pour un avenir radieux. Notre équipe réserve vient de remporter le tournoi Africa Cup organisé par les agents en Guinée. Je crois que regarder cette équipe jouer est un véritable régal pour un fan de foot.
Voulez-vous rattacher dans l’immédiat l’Académie à ‘équipe première du Hafia FC ?
C’est vraiment dans l’optique de remplacer, si vous voulez, à terme sur deux ou trois saisons, cinq à six joueurs dans l’équipe première. Sinon, voir un joueur de l’Académie dans le onze de départ du Hafia ce sera un projet à long terme. Nous comprenons la frustration des uns et des autres mais nous disons que pour nous le chemin est long. Ce n’est pas une course de vitesse. C’est une course de fond. Le Hafia FC est une légende qui ne va jamais mourir. Le président a tout fait et je pense que nous sommes dans le droit chemin.
En dépit des moyens financiers, les recrutements du Hafia FC sont aussi et souvent voués à l’échec. Ça s’explique ?
Le recrutement n’est pas forcément, toujours, voué à l’échec. Il y a peut-être un temps d’adaptation et de gestion à améliorer pour ces recrues. Je l’admets. Je vous prends le cas de la saison passée et surpassée. Nous avons recruté deux joueurs qui étaient considérés comme les meilleurs dans leurs championnats. Da Sansa est un attaquant burkinabé qui a marqué 24 buts. C’est vrai que le championnat Burkinabè est moins attrayant et moins fort que celui de la Guinée mais il a réussi à inscrire 24 buts, c’est une référence. Richard Nane quand on le prenait, il était à 12 buts, je crois 6 à 8 passes décisives et meilleur joueur du championnat Togolais. Nous avons recruté le latéral camerounais, Andoulo qui a joué le CHAN avec son pays.
Parmi eux, il y a quand même des flops ?
Epané, gardien de but, est plus ou moins un flop, parce qu’il est venu avec le statut titulaire. On est resté sur notre faim pour cette première saison. Ensuite vous avez un autre flop. Ablaye Bah venu du Sénégal avec un statut joueur majeur et finalement, il n’a joué qu’une dizaine de matchs. Il est tout le temps blessé, finalement on a trouvé un accord, et nous avons résilié son contrat. Tout ça, je vous explique à titre indicatif pour vous dire, que nous pensons faire les choses comme elles se doivent. C’est à dire prendre les meilleurs des autres clubs pour les amener chez nous. Sur le plan local vous avez Ibrahima Sory Camara Drogba avec 12 réalisations dans son club mais au Hafia FC je crois qu’il n’a marqué que deux buts. Le gardien de but, Mohamed Sam Soumah qu’on a ramené de la SAG a finalement sauvé la saison parce qu’Epané n’était pas là. Nous avons mis toutes les chances de notre côté. On est obligé de changer notre approche des choses si ça ne marche pas.
Qu’en est-il du recrutement cette saison ?
Cette saison pour vous dire, on va dans la même droite ligne malgré les critiques. Par exemple, si vous prenez l’équipe de la saison de la Ligue pro nous avons récupérés deux joueurs notamment Damaro et Sanoh du Milo FC. Nous avons aussi recruté Dinho, l’ailier du Fello Star et Gaoussou Siby en provenance de Wakrya AC. Nous allons essayer de nous peaufiner avec ces renforts.
Visiblement vous épargnez le banc.
Je ne suis pas entrain de jeter de l’eau propre sur le staff technique. Je crois que les responsabilités sont entières et partagées. Nous prenons tous les résultats et nous pensons que c’est un collectif qui a joué. Et ce groupe n’a pas pu relever le niveau sur le plan sportif. Je dis encore sur le plan infrastructure et restructuration aucun club ne peut nous a égalé aujourd’hui en Guinée et même dans la sous région.
Vous faites de la sublimation là.
Tout ceux qui viennent visiter cette académie, voir ce stade, voir l’administration, la cellule de recrutement, le collège médical, le conseil de discipline et autres reconnaissent qu’on est dans le cercle d’un club professionnel. Nous pensons que dans un tel environnement, le résultat viendra.
Qu’elle est l’ambition du Hafia FC lors de la prochaine saison?
J’ai l’habitude de dire que nous sommes le Hafia FC. Je n’ai pas besoin de dire nous jouons sur tous les tableaux et les premiers rôles en championnat. Nous avons les moyens et nous pouvons vraiment être champion et brandir la coupe. Pour nous au Hafia FC, il y a nous et les autres. C’est ce que nous pensons. C’est vrai, nous pouvons le faire avec tous les moyens que nous disposons, avec la volonté affichée du président KPC d’accompagner le projet qui est conçu autour de son ambition. En clair, nous avons équipe qui gagne mais ça tarde à venir. Je vous promet que ça ira bien d’ici peu.
Quel doit être le meilleur scénario pour vous au bout de la saison en Ligue 1?
Le meilleur scénario c’est d’être champion pour donner un peu de joie à tous ces millions de supporters à travers la Guinée et le monde. Aussi faire bonne figure en Ligue des champions en représentant ce pays et surtout aller au delà des phases de groupe. C’est l’ambition que nous nous fixons et nous essayons de bâtir une équipe pour cela. Le meilleur scénario possible c’est jouer sur tous les tableaux et être vraiment premier et à la limite deuxième pour ce nouveau projet. Nous envisageons aussi de nous focaliser sur l’ossature locale. Je pense qu’on redonnera confiance et joie à nos supporters. Depuis 2017 nous n’avons rien gagné mis à part la coupe que nos jeunes en U19 ont remporté récemment. Pour l’heure, on se contente de nos 15 titres de champions, des trois Ligue des champions africains et les 4 coupes nationales. Donc, le meilleur scénario c’est de rajouter d’autres trophées à notre musée. Lequel musée va être rapidement renouvelé au sein du Stade Petit Sory. C’est l’ambition du président.
Et quel sera le pire scénario en Ligue 1?
Le pire scénario c’est de répéter ce qu’on a fait lors de la saison précédente. C’est un gâchis de n’avoir pas pu figurer même parmi les quatre premiers du championnat. Ce sera le pire scénario. Nous faisons tout pour que cela pour y arriver. Nous mettrons tous les atouts de notre côté pour cela.
Avec vous qu’est ce qui a changé au niveau du club?
On a un stade, c’est très important. On a une administration plus fluide et plus adaptée. Mais surtout on a ajouté, peut-être, ce qui manquait au Hafia FC notamment une direction technique, un directeur sportif, un collège médical, un conseil de discipline, une cellule de recrutement. C’est très important pour nous. Et progressivement nous prenons une longueur d’avance pour nous et au même niveau que tous les grands clubs professionnels d’Afrique. Aussi au niveau des supporters, il y a plus de structuration. Vous avez un président et son bureau. Vous avez une cellule d’animation qui permet de mettre de l’ambiance au stade et ils sont toujours là. Nous continuons d’explorer aussi les transferts. Si on signe les joueurs étrangers, il faut permettre aussi aux joueurs guinéens d’explorer d’autres horizons.
Propos recueillis par Nani Diabaté
